Et Course Olympienne
Pendant l’antiquité un important réseau routier traversait le Péloponnèse d’est en ouest et du sud vers le nord.
Les recherches scientifiques récentes ont mis au jour un grand nombre de restes de ces routes qui consistaient en fragments de sillons creusés dans la roche par les roues des chars et qui ont permis la restitution du tracé des axes routiers antiques.
Une grande partie de la course Olympienne suit aujourd’hui la même direction que certaines routes de l’antiquité, notamment celle qui allant de l’ ouest vers l’est reliait Corinthe et l’Arcadie. Pausanias cite cet axe important parmi trois autres routes secondaires qui desservaient les régions environnantes.
Après Corinthe, en suivant cette route principale nous rencontrons l’ancienne cité de Kleonés, Nemée et les villages de Platani, Skotini ,Kandila et Orchomenos . Le parcours de la course Olympienne est fait sur ce tracé ancien ou il le suit à proximité.
Dans le village de Platani (check-point 3, 20.5 Km) des fragments d’anciennes routes ont été repérés à l’endroit même où l’on installe le point de ravitaillement, alors que certains autres sont bien visibles dans la cour d’une maison , à 1m du passage de la course !
À la sortie de Platani, les coureurs empruntent la piste qui monte vers le sommet d’une petite colline pour redescendre de l’autre côté. Des restes d’anciennes routes ont été repérés tout au long de cette piste tant à la montée qu’à la descente. À la hauteur du prochain check-point de Skotini (4,33 Km) les fragments sont très longs, 125 m avec une profondeur assez exceptionnelle de 0,30m et mènent à la sortie du village en direction de Kandila.
Ce village qui a conservé son nom antique, fut un important carrefour de nombreuses routes qui se dirigeaient également vers le nord et le sud.
Les coureurs pour traverser Kandila suivent toujours cet axe principal mettant leurs pas dans ceux des armées qui selon les témoignages historiques l’empruntaient également, du Ve au IIe siècles.
Pausanias cite des axes routiers qui traversaient la chaîne montagneuse de Mainalo du sud au nord . Un de ces axes conduit encore aujourd’hui au col où arrivent les coureurs ou bout de 10 Km de piste à travers la montagne.
La route qu’ils empruntent pour descendre de ce col et sortir de la montagne suit exactement les traces de l’ancienne route.
A cet endroit, la course Olympienne retrouve l’ancien tracé selon un cheminement différent, le long de la rivière Alphios. Il y a là un réseau de routes dont certains fragments conduisent jusqu’ à la route nationale actuelle, ils ont été repérés aussi à la hauteur du village de Miraka et vont jusqu’à Olympie. Cette dernière portion de traces des routes antiques coïncide pratiquement avec la dernière partie de la course Olympienne.
La course « court » ainsi le long des témoignages de l’histoire ancienne, au plus prés de ses traces dés que les paramètres techniques du parcours le permettent.
Ce cheminement presque parallèle avec les voies antiques s’étale sur une longueur d’ une centaine de kilomètres. De cette manière le fond historique sur lequel repose la course Olympienne établit un lien exceptionnel entre l’histoire ancienne de la région et un événement sportif actuel internationalement connu.
Olympie
Au confluant des rivières Alphios et Cladéos, au milieu d’un massif verdoyant qui miroite harmonieusement les reflets du soleil, entourée d’une plaine fertile, s’élevait Olympie, la cité la plus brillante qui n’ait jamais existé dans l’histoire du sport.
Berceau des Jeux Olympiques, mais aussi lieu de culte et centre artistique de premier plan, elle a dominé l’antiquité hellénique pendant douze siècles.
L’Altis, l’enceinte sacrée dédiée à Zeus fut fondée entre le Xe et le IXe siècles av. J.C. Durant la période archaïque des édifices grandioses y furent érigés (VIIe-VIe siècles av.J.C.) et à partir de 576 av.J.C. la renommée et l’éclat d’Olympie avaient atteint leur apogée.
Des philosophes, des hommes d’état, des poètes, des dramaturges, des orateurs, des sculpteurs, des architectes, tels que Platon, Hérodote, Lysias, Alcibiades, Thémistocle, Pindare, Alexandre le Grand, Aristote, tous affluaient à Olympie afin d’y faire entendre, connaître et admirer leurs œuvres devant l’ auditoire le plus vaste de leur temps.
Le plus célèbre de tous les temples d’Olympie était celui dédié à Zeus, construit au Ve s. av.J.C., au milieu de l’Altis sacrée, une oeuvre d’art créé par le grand architecte de Elis, Livon.
Les deux frontons étaient ornés de bas reliefs de marbre représentant des scènes mythologiques : à l’est, la course de chars entre Pélops et Oenomaos roi de Pise, avec la figure d’Apollon d’une majestueuse simplicité se tenant au milieu et à l’ouest, le combat des Centaures et des Lapithes, oeuvres majeures de la sculpture hellénique du siècle d’or, actuellement exposées au Musée Archéologique d’Olympie. La statue colossale d’or et d’ivoire de Zeus, une des sept merveilles du monde antique, chef -d’œuvre de l’illustre sculpteur du Ve siècle av. J.C Phidias ,se dressait à l’intérieur du temple. C’était l’œuvre d’art la plus admirée d’Olympie, celle qui recevait le plus d’hommages.
Deux autres chefs- d’œuvres de la même période ornent aussi le musée d’Olympie : l’ Hermès de Praxitèle et la Victoire (Niké) de Péonios, découverts presque intacts étant protégés sous une couche d’argile.
L’Hermès de Praxitèle marque l’apogée de la statuaire grecque. Les lignes à la fois viriles et élégantes du corps, et l’expression poétiquement mélancolique du visage sont à l’image de la beauté plastique des adolescents hellènes .
La Victoire de Péonios est la conception la plus originale de la statuaire hellénique. Elle est née d’un seul élan avec toute sa hardiesse et toute sa virtuosité, avec le vent qui plaque la robe sur les jambes. Elle va prendre sont envol, s’élever ainsi dans l’air, le buste penché, c’est une prouesse dangereuse mais elle s’y risque . . .
L’ancien Stade d’Olympie est situé à l’est de l’enceinte sacrée de l’Altis.
Les athlètes y pénétraient à travers un passage voûté, la Krypté, long de 32m, large de 3.7 et haut de 4,45m.
Deux colonnes de style corinthien étaient disposées de part et d’autre du passage.
Le Stade est construit selon un plan rectangulaire , d’une capacité de 45.000 spectateurs qui étaient assis à même le sol sur tout son pourtour.
La surface plane du Stade avait 212 m de long et trois largeurs de 28m, 29,7 et 30,7m.
Les coureurs qui prenaient part à la course à pied s’alignaient à la tête du départ, devant un dispositif de cordes et de poteaux nommé «hysplix ».
Un starter, l’haphète, qui se tenait derrière eux, tirait sur les cordes au moment donné, et faisait tomber les poteaux (un devant chaque coureur), donnant ainsi le signal de départ, simultanément pour tous les coureurs.
Les Jeux qui se célébraient depuis l’époque préhistorique, furent réorganisés au cours du VIIIe s. av.J.C , la trêve sacrée fut instaurée et une périodicité régulière de quatre ans fut retenue alors qu’ils acquirent un caractère panhellénique.
Les vainqueurs Olympiques étaient couronnés d’une branche d’olivier sauvage qui constituait le plus grand honneur pour le compétiteur et sa ville natale et n’avait son équivalent ni en argent ni en distinctions sociales.
À partir de 776 av.J.C, date des premiers Jeux « officiels», leur institution connut une extraordinaire prospérité pendant douze siècles et dota l’histoire du sport de la plus brillante contribution.
Dans l’ancienne Grèce et selon la conception de l’humanisme antique, l’idéal Olympique, impliquait un équilibre parfait du corps et de l’esprit, une éducation partagée entre force et intelligence.
L’ idéal olympique a instauré un culte de l’athlétisme aux retombées universelles et intemporelles ce qui explique la raison pour laquelle la flamme sacrée, qui brûlait dans l’Altis, ne fut jamais éteinte au cours de douze siècles de sa gloire.
Néanmoins, elle s’éteignit par l’édit de Théodose II en 426 qui ordonna la démolition de tous les temples païens d’Olympie.
De nos jours, en dépit de tous les bouleversements et historiques et politiques mondiaux, la flamme continue toujours à brûler et à perpétuer l’héritage que la splendeur d’Olympie à légué à l’humanité.